" Un brillant essai." Lire-Magazine littéraire
La guerre, pour reprendre l'expression du général Le Borgne, serait « morte à Hiroshima » il y a plus d'un demi-siècle. Et pourtant elle n'a jamais cessé.
Actes terroristes, conflits israélo-palestiniens et moyen-orientaux, implosion de la Yougoslavie, pays déchirés par les factions, sans même parler des autres guerres : économiques, psychologiques, informatiques, guerres des sexes ou des générations... L'invasion de l'Ukraine par la Russie a pourtant rebattu les cartes. Cette fois, dit-on, c'est le retour de la vraie guerre, avec ses exactions, ses horreurs, sa violence. Mais qu'est-ce qu'une vraie guerre ?
En convoquant de grands philosophes politiques, de Platon à Marx, en passant par Machiavel et Hobbes, ce livre tente de répondre à cette question, qu'elle accompagne d'une série d'autres : qu'est-ce qu'une guerre juste ? Quelles sont les forces morales engagées dans un conflit ? Est-ce l'État qui fait la guerre ou la guerre qui fait l'État ? Enfin, après avoir exploré les significations et les enjeux du spectre de la guerre « totale », il affronte l'ultime question : pourquoi la guerre ?
Ce monde va de travers, à tel point que lui désobéir devrait être une urgence partagée et brulante. Dans cet essai intempestif, Frédéric Gros réinterroge les racines de l'obéissance politique. Conformisme social, soumission économique, respect des autorités, consentement républicain ? C'est en repérant les styles d'obéissance qu'on se donne les moyens d'étudier, d'inventer, de provoquer de nouvelles formes de désobéissance : la dissidence civique, la transgression lyrique... Rien ne doit aller de soi : ni les certitudes apprises, ni les conventions sociales, ni les injustices économiques, ni les convictions morales.
La pensée philosophique, en même temps qu'elle nous enjoint de ne jamais céder aux évidences et aux généralités, nous fait retrouver le sens de la responsabilité politique. à l'heure où les décisions des experts se présentent comme le résultat de statistiques glacées et de calculs anonymes, désobéir devient une affirmation d'humanité.
Philosopher, c'est désobéir. Ce livre en appelle à la démocratie critique et à la résistance éthique.
Franz-Anton Mesmer publie son Mémoire sur la découverte du magnétisme animal en 1779. Il y révèle l'existence d'un fluide universel aux pouvoirs thérapeutiques. Par simples effleurements de la main, ce fluide pourrait guérir et rétablir l'harmonie du corps et de la nature. Rejetée par la médecine officielle, portée par quelques guérisons « spectaculaires », cette théorie vaut à Mesmer une foudroyante popularité. La fièvre mesmérienne enflamme les imaginations, dans la France prérévolutionnaire des Lumières où son harmonie universelle fait écho aux aspirations à l'égalité et à la fraternité. C'est au coeur de cette histoire fascinante, celle d'un homme en qui s'incarne toute l'effervescence d'une époque, que Frédéric Gros, puisant sa matière romanesque au coeur de l'événement historique, nous entraîne.
Palmarès 2021 Les 100 livres de l'année du magazine Lire
« La honte est l'affect majeur de notre temps. On ne crie plus à l'injustice, à l'arbitraire, à l'inégalité. On hurle à la honte. » Frédéric Gros
On peut avoir honte du monde tel qu'il est, honte de ses propres richesses face à ceux qui n'ont rien, honte de la fortune des puissants lorsqu'elle devient indécente, honte de l'état d'une planète que l'humanité asphyxie, honte des comportements sexistes ou des relents racistes.Ce sentiment témoigne de notre responsabilité. Il n'est pas seulement tristesse et repli sur soi, il porte en lui de la colère, une énergie transformatrice. C'est pourquoi Marx proclame que la honte est révolutionnaire.
Dans cet essai qui prolonge la réflexion de son livre Désobéir, Frédéric Gros, convoquant notamment Primo Levi et Annie Ernaux, Virgine Despentes et James Baldwin, explore les profondeurs d'un sentiment trop oublié de la philosophie morale et politique.
Un essai stimulant. [Frédéric Gros] redonne ces lettres de noblesse à cet affect majeur de notre temps. Lire-Le Magazine littéraire
En 1632, dans la petite ville de Loudun, mère Jeanne des Anges, supérieure du couvent des Ursulines, est brusquement saisie de convulsions et d'hallucinations. Elle est bientôt suivie par d'autres soeurs et les autorités de l'Eglise les déclarent « possédées ». Contraints par l'exorcisme, les démons logeant dans leurs corps désignent bientôt leur maître : Urbain Grandier, le curé de la ville.
L'affaire des possédées de Loudun, brassant les énergies du désir et les calculs politiques, les intrigues religieuses et les complots judiciaires, a inspiré cinéastes et essayistes. Frédéric Gros en fait le roman d'un homme : Urbain Grandier, brillant serviteur de l'Eglise, humaniste rebelle, amoureux des femmes, figure expiatoire toute trouvée de la Contre-Réforme. Récit d'une possession collective, le texte étonne par sa modernité, tant les fanatismes d'hier ressemblent à ceux d'aujourd'hui.
Frédéric Gros, pour Possédées, fait partie des 12 auteurs sélectionnés pour le Prix Stanislas.
La parenté des figures du génie et du fou est sans doute une constante de la culture occidentale, sinon de toute culture. Elle figurerait vite comme synthèse anthropologique, dont la philosophie pourrait alors dévoiler la dimension fondamentale. Mais cette grande parenté dans sa généralité pure, c'est le propre d'une époque de lui donner un style d'existence unique où se précipite l'historicité têtue de nos concepts. Cette étude tente de ressaisir la structure concrète d'un questionnement autour de la folie artiste dans la littérature psychiatrique des années 1850 jusqu'à l'aube du XXe siècle. Elle voudrait décrire le grand passage de l'écrivain paranoïaque à l'artiste schizophrène, l'invention de la dimension politique d'une synthèse art/folie, l'émergence et la transformation des parentés culturelles : l'artiste et le fou, d'abord perçus dans le cousinage sombre du criminel et de la prostituée, seront bientôt affiliés au primitif et à l'enfant. Trois axes ont été dégagés au cours de cette étude : la constitution d'une science clinique de l'écriture aliénée ; l'élaboration de la figure du génie malade à travers les notions psychiatriques d'hallucination, de transe nerveuse et de dégénérescence supérieure ; la stratégie sociale recouverte par l'affirmation brutale chez les aliénistes de la qualité artistique des oeuvres de leurs patients.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.