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Gérard Sabatier
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Un cérémonial politique : les voyages officiels des chefs d'état
Jean-william Dereymez, Olivier Ihl, Gérard Sabatier
- Editions L'Harmattan
- Logiques politiques
- 9 Octobre 1998
- 9782296367258
Au fil des siècles, les voyages des chefs d'Etat forment une singulière pratique politique. Par des spectacles allégoriques, un décor soigneusement préparé, des réceptions officielles, des discours prononcés selon une étiquette implacable, ces mises en scène font plus qu'attribuer une parure symbolique au politique : elles en font voir et vivre l'éloquente majesté. Comme si pour s'exercer le pouvoir du chef d'Etat avait plus que d'autres besoin d'être un. Encore convient-il de comprendre la naissance et le développement de cette véritable souveraineté déambulatoire. C'est le but de cet ouvrage. Une manière de mettre au grand jour l'action de ces poses de la grandeur d' Etat qui lient un homme à un régime, une figure à des institutions, un visage à une abstraction.
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Avant d'être érigé par les historiens d'art comme le chef-d'oeuvre du génie classique français, puis de devenir, pour le tourisme international, une attraction incontournable, Versailles fut d'abord un instrument de gouvernement : défi jeté par Louis XIV à la face des puissances qui jusqu'alors menaient le jeu européen, en même temps que manifeste du régime qu'il achevait de mettre en place, la monarchie absolue.
C'est à cette lecture politique que procède Gérard Sabatier, professeur d'histoire moderne à l'université Pierre Mendès France de Grenoble, en analysant les ensembles signifiants de la création louis-quatorzienne (jardins, grands appartements, escalier des Ambassadeurs, galerie des Glaces...).
Situant l'entreprise dans un contexte chronologique et spatial élargi - la représentation du Prince dans l'Europe baroque -, la problématique associe l'analyse iconographique et l'utilisation des textes normatifs des contemporains. On découvre alors quel fut le véritable projet versaillais : abandonnant une mythologie apollinienne trop partagée, il consistait à représenter l'histoire de Louis le Grand pour tracer la figure du Roi parfait. Versailles ou l'imaginaire de l'absolutisme.
Les contemporains usèrent-ils de cette imagerie conformément aux attentes du pouvoir ? Les manières de montrer les programmes iconographiques comme les jardins traduisent un dysfonctionnement qui, d'emblée, s'imposa. Plus fondamentalement, l'entreprise versaillaise venait trop tard, alors que commençait, avec le déclin des images symboliques, le désenchantement du monde.
Aboutissement d'un discours figuratif triséculaire, Versailles en constitue le point d'orgue, mais aussi l'épuisement.