Quatrième recueil de poèmes en innu-aimun et en français où Joséphine Bacon renouvelle son univers. Loin des légendes innues, l'aînée des poètes s'installe entre les saisons et avance lentement dans une méditation sur l'arbre, le temps et le silence.
J’ai dansé
étiré mon corps
repris possession de chacun de mes membres
habité tout l’espace
je suis allée chercher la vie
dans les endroits profonds
qu’elle avait désertés
j’y ai trouvé l’océan
l’odeur des cendres encore brûlantes
le violet des plaines de mon ventre
j’y ai trouvé ma chair
mon sang
le sel de ma salive
je suis allée y voler le feu
Éditrice et autrice, Morgane Ortin est la créatrice du phénomène Amours solitaires. Après ses best-sellers Amours solitaires Tomes 1 & 2 (Albin Michel, 2018, 2019), Le Secret (Albin Michel, 2021) et Toutes les lettres ne sont pas des lettres d’amour (Le Papier fait de la Résistance x Leduc, 2021), Morgane Ortin nous offre un premier recueil de poésie à la fois sombre et lumineux, une poésie puissante du corps et des sens, qui interroge ce qu’il nous reste de l’amour.
Et venir & être avec moi quelque part, ne serait-ce pour je ne sais combien de temps.
S'il te plaît, Caitlin, ma chère. Dylan Thomas
« Ces mots ne sont pas les mots qui expriment ce que je veux exprimer, mais ce sont les seuls que je trouve qui disent la moitié de ce que je veux exprimer. Et ça ne va pas. Je ne suis qu'un grotesque usager des mots, pas un poète. Voilà la vérité. Inutile de s'apitoyer sur moi. » Dylan Thomas (1914-1953), Lettre à Pamela Johnson, 8 mai 1934.
Camarade, ceci n'est pas un livre -
Qui touche ceci touche un homme.
Walt Whitman
« Il faut que je confesse que moi, un Toscan, un Italien, un Latin, je n'ai pas senti ce que voulait dire la poésie en lisant Virgile ou Dante et encore moins Pétrarque et le Tasse, poètes de luxe et par conséquent plus hommes de lettres que poètes, mais bien en lisant les énumérations puériles et les invocations passionnées du bon faucheur des Feuilles d'Herbe. » Giovanni Papini, Ritratti Stranieri, 1908-1921.
Mahmoud Darwich au féminin. Face à la guerre, face au cynisme, une poésie qui dit obstinément l'amour. Médaille d'or du Independent Publisher Book Award. Une des grandes voix de la poésie contemporaine palestinienne, Nathalie Handal invoque la sensualité et le désir dans De l'amour des étranges chevaux. Ancrée dans les mythes et la musique de la Méditerranée, la poésie de Handal dessine l'amour à la fois comme sens et quête absolue.
Atiku utei, « le coeur du caribou », c'est la force d'un peuple et sa grande humilité. Les Innus ont marché à travers les tempêtes de la vie. Ils ont traversé des montagnes pour se nourrir de l'esprit du caribou. Ils puisaient en lui leur force, leur courage, leur savoir. Au son du tambour, l'appel de la forêt aiguise l'instinct. La poète au coeur du caribou entend la voix de Madiba, Nelson Mandela. Elle entend les tambours jaillir et leur son ressemble à ceux de son peuple. Lui, son coeur, c'est la paix et cette poussière qui soulève le ciel à l'infini. Elle plonge dans la rivière des poèmes, sables neiges libres. Homme frère grand-père la voix de Madiba lui parle. Atiku utei et Un jour Madiba m'a dit invoquent ensemble le pouvoir de guérison du coeur. Le mot liberté n'existe pas en innu-aimun. Le caribou est la liberté.
La vie poème est une célébration de la parole poétique : quête de lumière, d'amour et de silence. Le poème cultive le champ des possibles. À la fois spectacle, chant et pain du jour, La vie poème est une invitation fête à habiter poétiquement le monde, à porter le poème dans sa voix, et dans sa vie au quotidien. C'est un chemin d'écriture, une musique de mots pour interpeller demain. « La poésie nous dicte noble conduite, nous dit de revivre à hauteur de femmes et d'hommes, juste debout».
Recueil de poésie traduit en dix langues. Mémoire d'encrier détient les droits en langue française. Ciel de nuit blessé par balles est résolument un chef-d'oeuvre qui peint la vie humaine dans toutes ses facettes : l'exil, l'amour, l'enfance, le sexe, la violence. La poésie américaine retrouve ses grandes obsessions avec ce poète vietnamien de 28 ans.
Troisième recueil d'un triptyque sur les possibilités du poétique face à l'horreur et à la détresse (Plus haut que les flammes, 2010; La main hantée, 2016), Exercices de joie prend le risque de la tendresse en choisissant la douceur comme arme de combat. Dans une écriture fluide qui alterne entre prose et vers, les poèmes explorent la notion de joie, non seulement comme quête d'apaisement, mais comme responsabilité à l'égard des autres : le souci de leur apporter espérance. Or, cette joie impose une gymnastique mentale, elle repose sur des exercices qui témoignent du désir de s'élever au-delà de la douleur sans pourtant la nier, afin de demeurer à l'écoute du monde. Sans craindre la vulnérabilité d'une parole simple, la poète navigue en glissant constamment de l'âge adulte à l'enfance jusqu'au seuil de sa propre disparition. La joie comme faible clarté résiste à l'essoufflement : « écrire maigre / écrire pauvre » permet au poème de glaner autour de lui des parcelles de beauté et de voir surgir la lumière camouflée sous le noir.
Joséphine Bacon, nomade de la toundra, nous fait parcourir, à la lumière du poème, des territoires inconnus. Gaston Miron, Saint-Denys Garneau et Paul
Chamberland ont nommé Terre Québec ; Joséphine Bacon élargit le pays en nous initiant à la toundra et aux douces chansons de l'infini. L'horizon est offert
avec tant de grâce et de naturel que nous lui sommes à jamais redevables de nous rappeler à l'essentiel : beauté, simplicité et volupté.
Avec Joséphine Bacon commence une nouvelle histoire de la poésie québécoise.
Prix des libraires 2019
Finaliste au Indigenous Voices Award 2019
Uiesh - Quelque part est un recueil bilingue français-innu aimum.
Quelque part, une aînée avance. Elle porte en elle Nutshimit, Terre des ancêtres. Une mémoire vive nomadise, épiant la ville, ce lieu indéfini. La parole agrandit le cercle de l'humanité. Joséphine Bacon fixe l'horizon, conte les silences et l'immensité du territoire.
Extrait de la préface:
Pour l'auteure
J'appartiens à la race des aînés. Je veux être poète de tradition orale, parler comme les Anciens, les vrais nomades. Je n'ai pas marché Nutshimit, la terre.
Ils me l'ont racontée. J'ai écouté mes origines. Ils m'ont baptisée d'eau, de lac pur. [...] Je me sens héritière de leurs paroles, de leurs récits, de leur nomadisme. Comme eux, j'ai marché la toundra, j'ai honoré le caribou.
Extrait:
Je n'ai pas la démarche féline
J'ai le dos des femmes ancêtres
Les jambes arquées
De celles qui ont portagé
De celles qui accouchent
En marchant
Apu tapue utshimashkueupaniuian pemuteiani
Anikashkau nishpishkun miam tshiashishkueu
Nuatshikaten
Miam ishkueu ka pakatat
Miam ishkueu ka peshuat auassa pemuteti
Notice bio:
Née en 1947, Joséphine Bacon est amérindienne, innue de Betsiamites. Poète et réalisatrice, elle vit à Montréal. Elle est l'auteure d'une oeuvre poétique d'une grande puissance saluée dans le monde entier.
Joséphine Bacon a publié chez Mémoire d'encrier son premier recueil Bâtons à message/Tshissinuatshitakana (2009) et a reçu le Prix des lecteurs du Marché de la poésie de Montréal en 2010 pour son poème « Dessine-moi l'arbre ». Toujours chez Mémoire d'encrier, elle a publié en collaboration avec José Acquelin Nous sommes tous des sauvages (2011) et Un thé dans la toundra/Nipishapui nete mushuat (2003), qui a été finaliste au Prix du Gouverneur général et au Grand Prix du livre de Montréal.
Sur un air de Leonard Cohen, la poète Laure Morali marche dans la ville de Montréal. Elle s'arrête, médite et écrit d'une rue à l'autre. D'un rêve à l'autre. Entre en résonance avec les mots et les lettres. Engage le dialogue avec l'ange. Les mots se détachent et dans leur miroir, tout s'éclaire ou s'efface. Personne seulement est une méditation sur l'ombre et la lumière, sur les paradoxes et les forces opposées qui nous fondent, ensemencent nos vies et nos actes.
Point de vue de l'autrice:
Dans ce dialogue avec l'ange, les poèmes se renvoient des mots miroirs, à user pour en effacer les reflets et réussir à voir, en transparence, leur dimension cachée, des éclats à assembler à l'intérieur d'un vitrail par où la lueur d'un autre univers pourra filtrer. Une langue sacrée miroite derrière le langage quotidien. Le mot nuit émet une vibration plus lumineuse que le mot jour. Le jour naît de la nuit.
La femme cent couleurs, premier recueil de poésie de Lorrie Jean-Louis, nomme la race et la femme. Speak White or Black! La question ici est de porter la parole racisée. L'auteure interroge la posture de Michèle Lalonde et l'énonciation liée à une certaine poétique avant-gardiste. Elle refait la parole, parole des origines recommencée dans la rencontre et la beauté. Profondément féministe, La femme cent couleurs renaît ici ailleurs, sans injonction ni assignation.
Point de vue de l'autrice
« Je n'aime pas l'expression « les gens de couleur ». Moi qui aime tant les couleurs, je pense que cette expression est faussement bucolique, car il ne s'agit en fait que du Noir. Pour moi, cette expression devrait signifier que chaque jour je puisse décider de ma couleur ; vert, rouge, opale... C'est une façon détournée de nommer la race. La femme cent couleurs est venue m'habiter et il était clair qu'il fallait que je comprenne que c'était tout, CENT ou rien, SANS. Si on ne me les donne pas toutes, je n'en veux aucune. »
Envies puise à la violence qui dresse les femmes contre elles-mêmes et les unes contre les autres. On y lit des poèmes fielleux et tendres, cyniques et affligés, qui racontent des existences inaperçues, éclipsées par la superbe de celles qui ont tout. Isolées, produits d'un contexte qui les dépasse, agitées par un désir vorace, les femmes d'Envies se sabotent, pleurent et se vengent, pensant à voix haute ce que tant d'autres disent tout bas.
Trois générations de femmes : Téta, la grand-mère, Fadwa, la mère, et Emné, la fille qui dit la tendresse de celles qui l'ont précédée. Les poèmes recousent les liens brisés par la guerre, la mort et l'exil.
La vie virée vraie est un livre de poèmes minimaux, réduits à l'os. C'est un petit livre très rapide qui cherche à dire l'expérience entière et vertigineuse d'une vie de trente-six ans. Un livre où se rejouent l'enfance, la relation au père, au genre et au sexe, et que parcourt une animalité furtive, insistante - antilope, hirondelle, serpent, crabe, poney. La vie virée vraie embrasse le mouvement de la conscience qui se découvre consciente d'elle-même, pesante, angoissée, désirante, nostalgique d'une certaine sauvagerie - la bête, toujours la bête.
Thomas King signe un premier recueil de poésie. Soixante-dix-sept fragments où alternent mythes réactualisés, commentaires politiques, tranches de vie et traits d'humour. Le tout porté par la puissance tellurique et le style iconoclaste de ce grand écrivain autochtone.
Quand j'ai emménagé coin Cuvillier et Sainte-Catherine, dans Hochelaga, je pensais avoir tout gâché, tout perdu. Autour de mon appartement, il y avait les ouvrières et les enfants d'autrefois, il y avait les filles de la rue, leur présence comme une menace, mais aussi un mystère, un espoir. Un jour je descendrais les rejoindre, pour de bon.
L'ancêtre parle, invoque terre, ciel, océan. De multiples voix résonnent; le poème se joue, tambour, espérance et acte de foi. Rien n'est trahison dans cette traversée. Tout porte vers l'incandescence, lumière de nos humanités.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Cette anthologie présente le travail de cinquante-cinq poètes qui incarnent les mouvances de la poésie québécoise actuelle. Outil de référence, ce livre propose de découvrir et de célébrer, dans une approche intersectionnelle et intergénérationnelle, une sélection d'oeuvres frondeuses d'un milieu en pleine effervescence.
avec les poèmes de
Martine Audet, Daphné B., Joséphine Bacon, Marjolaine Beauchamp, Virginie Beauregard D., Laurie Bédard, Geneviève Blais, Daria Colonna, Marie-Ève Comtois, Sonia Cotten, Véronique Cyr, Marie Darsigny, Carole David, Denise Desautels, Roxane Desjardins, Anne-Marie Desmeules, Kim Doré, Isabelle Dumais, toino dumas, Clémence Dumas-Côté, Louise Dupré, Mireille Gagné, Renée Gagnon, Marie-Andrée Gill, Véronique Grenier, Catherine Harton, Lorrie Jean-Louis, Natasha Kanapé Fontaine, Annie Lafleur, Catherine Lalonde, Roseline Lambert, Annie Landreville, Tania Langlais, Caroline Louisseize, Stéphane Martelly, Tara McGowan-Ross, Erin Mouré, Roxane Nadeau, Chantal Neveu, Ashley Opheim, Laurance Ouellet Tremblay, Virginia Pesemapeo Bordeleau, Maude Pilon, Sina Queyras, Emmanuelle Riendeau, Maggie Roussel, Stéphanie Roussel, Nada Sattouf, Chloé Savoie-Bernard, Erika Soucy, Elkahna Talbi, Élise Turcotte, Maude Veilleux, Claudine Vachon et Laurence Veilleux.
Cet ouvrage bilingue (français et innu-aimun) est une invitation au dialogue. Bâtons à message fait référence à un ensemble de repères qui permettent aux nomades de s'orienter à l'intérieur des terres et de retrouver leur voie/voix. Également poétique de la relation, l'ouvrage est fondé sur l'entraide, la solidarité et le partage, nécessaires à la survie du peuple innu. En écho revient la langue de Nutshimit, la langue de la terre, scandée par le tambour. Résonne ainsi l'histoire des Peuples premiers dans leur juste colère et leur lutte pour la dignité, pour le territoire et pour un vivre-ensemble. La poésie de Joséphine Bacon, simple et belle, est hommage au territoire, aux ancêtres et à la langue innu-aimun. Cette poésie-témoignage recoupe l'histoire dans ses zones les plus inédites. Une vision cosmogonique qui nous plonge dans l'intensité de la parole des aînés : l'itinéraire des porteurs de rêves et de visions, les horizons des femmes guides, le courage des hommes chasseurs, les enfants garants de la continuité du voyage et les arbres, infatigables témoins de la route.
L'après-pays revient sur les traces des Hmong du Laos à travers l'histoire d'une famille de réfugiés. Mai Der Vang lève le voile sur la guerre et ses atrocités. Sa poésie résonne avec les chants chamaniques des ancêtres.
La poésie ne se vend pas, elle ne s'achète pas non plus.
Mais elle n'est pas gratuite vous savez, le poète la paye au prix fort, de sa vie, sa
voix, sa solitude et son encre de sang.
J'ai toujours entendu l'appel d'air/ère libre des poèmes qui m'ancrent en moi-même,
me fondent et font de moi ce que je suis, un marcheur et un chercheur d'art.
La poésie est une fièvre salutaire, ma chance, mon bonheur et mon risque.
Ma poésie est née là-bas à Douala, pas si loin.
Là-bas, au Sud.
Au Sud, de mon coeur.