Né du chaos européen du début du Moyen Âge, le chevalier monté et en armure a révolutionné la guerre et est très vite devenu une figure mythique dans l'histoire. Des conquérants normands de l'Angleterre aux croisés de la Terre sainte, du héros de la chanson de geste au preux du roman arthurien, des amateurs de tournoi aux chevaliers-troubadours, Le Chevalier dans l'Histoire, de la grande médiéviste Frances Gies, brosse un tableau remarquablement vivant et complet de la chevalerie, de sa naissance à son déclin. Le chevalier apparaît d'abord en Europe comme un mercenaire sans foi ni loi avant de devenir l'étendard de la chrétienté puis un soldat de métier au service des rois. Frances Gies nous fait partager sa vie quotidienne, faite de joutes et de batailles, de pillages et de rançons, mais aussi de dévotion et de pèlerinage, et souvent sanctionnée par l'errance et une mort précoce. Elle nous fait revivre l'aventure des héros du Moyen Âge qui ont joué un rôle historique, comme Bertrand du Guesclin, Bayard et Sir John Fastolf, qui inspira le Falstaff de Shakespeare, ou les grands maîtres des Ordres militaires qu'étaient les Templiers, les Hospitaliers et les chevaliers teutoniques.
Les sociétés anciennes vivaient sous la menace de la précarité, du chômage, des crises et des épidémies ; mais elles vivaient aussi le retour des famines et les rues des villes envahies de mendiants criant à la rage de la faim. Comment les hommes ont-ils vécu ces misères en France au Moyen Âge et à la Renaissance ?
Pour mener l'enquête, Jean-Louis Roch traque, recense et décrypte leurs mots : les lieux communs, les proverbes, et l'expression des sentiments, comme la honte ou la pitié. Il explore, à côté des archives, la littérature et en particulier le théâtre à destination populaire, les farces et les Mystères. Ce faisant, il multiplie les points de vue sur ces gueux sans souci, sans six sous : le travail précaire, l'obsession de la faim et de la ruse, la fraude et la violence, les mille et une stratégies de survie et les rêves de festins plantureux et du pays de Cocagne. Il raconte l'ambivalence du rapport aux pauvres, qui font rire au théâtre et que l'on chasse dans la rue : « truand », « maraud », « bélître », « gueux » ; des termes à l'étymologie mystérieuse.
En détaillant le vocabulaire de la misère à la fin du Moyen Âge, c'est l'ensemble de l'imaginaire social des humbles et un pan entier de la culture populaire qui se découvrent chemin faisant. Les mots des pauvres témoignent d'une très ancienne conception magique du monde, qui allait s'effacer lors de son désenchantement. Cela valait la peine d'aller voir à la fois du côté de la langue et du côté de l'histoire.
Licornes, dragons, griffons : la vie des hommes du Moyen Âge, de l'An Mille à la Renaissance, est peuplée de quantité de créatures fabuleuses, mais aussi réelles et redoutées. Les saints Pères du désert, les moines et des prédicateurs dignes de foi assuraient que des bêtes féroces et des créatures monstrueuses et hybrides envahissaient la terre. Et comme ces chimères étaient envisagées à la lumière de la Création, elles suscitaient des interrogations fondamentales. Un cynocéphale était-il véritablement un homme à tête de chien ? Se pouvait-il que Dieu eût créé des créatures aussi horribles ? Au Moyen Âge, l'humanité vivait, en âme et conscience, dans un paradis perdu. De même qu'était perdu à jamais, après la transgression d'Adam et Ève, le merveilleux rapport de subordination que les animaux, créés pour servir Adam, avaient entretenu avec les hommes. Ces derniers ne disposaient pas d'armes efficaces pour affronter les loups, les ours et les sangliers, et à plus forte raison les lions, les tigres et les panthères, au cas où ils les auraient rencontrés. Ce qui n'empêchait pas leur imagination fertile de venir à leur secours pour surmonter leurs craintes. Dans cet essai somptueusement illustré, la grande médiéviste italienne Chiara Frugoni observe et analyse minutieusement des tapisseries, des miniatures, des mosaïques, des sculptures, des tableaux et des encyclopédies illustrées pour nous montrer les mille facettes de la tradition séculaire, aussi symbolique que réelle, qui liait les hommes et les animaux. Autant d'images commentées qui rendent vivante et palpitante cette époque lointaine dont a hérité notre culture.
Traduit pour la première fois en France, La Vie dans un château médiéval est un classique qui a initié des millions de lecteurs anglophones aux secrets du monde médiéval. Et qui a profondément inspiré George R. R. Martin, le créateur de A Game of Thrones. À partir du remarquable château de Chepstow, à la frontière de l'Angleterre et du Pays de Galles, mais aussi des plus admirables châteaux forts français, les grands médiévistes Frances et Joseph Gies nous offrent un portrait saisissant de ce qu'était la vie quotidienne de l'époque et nous montrent l'importance du rôle qu'y jouait le château fort. Les Gies ont le don de rendre à la vie les hommes et les femmes qui vivaient dans et autour du château, le seigneur et la dame, les chevaliers et les soldats, les serviteurs et les paysans, les troubadours et les jongleurs. Nous y découvrons comment les seigneurs et les serfs se vêtaient et se lavaient, ce qu'ils buvaient et ce qu'ils mangeaient, quels étaient leurs loisirs et leurs occupations, leurs codes de conduite sexuelle, leurs principes d'ordre et de solidarité. Nous y apprenons le rôle essentiel que jouait l'honneur dans la culture médiévale, le processus d'initiation auquel se soumettaient les chevaliers, l'importance des fêtes religieuses et des liens personnels, et pourquoi le château fort était autant un rempart contre les violences qu'une source de conflit et un enjeu de pouvoir. Remarquablement documenté, et aussi plaisant à lire qu'un roman, La Vie dans un château médiéval est l'ouvrage de référence pour quiconque a envie de se plonger, l'espace de quelques heures, dans cette époque fascinante.
Écrivains et historiens, Frances Gies (1915-2013) et Joseph Gies (1916-2006) ont écrit plus de vingt ouvrages sur le Moyen Âge, dont beaucoup ont été des best-sellers.
En moins de trois siècles, la civilisation viking a profondément marqué le monde occidental. Comment ces hommes du Nord ont-ils dompté les mers pour laisser leurs traces aux quatre coins de l'Europe (et jusqu'en Amérique !) ?
Aux premières razzias des Vikings danois vers les îles britanniques et la France (où ils renversent un roi et fondent la prospère Normandie...) succèdent les grands voyages des Norvégiens vers l'Islande, le Groenland puis l'Amérique (cinq siècles avant Christophe Colomb !). Dans le même temps, de lacs en fleuves, les Suédois traversent l'Europe depuis la Baltique et donnent leurs premiers tsars à la Russie !
Cette épopée en trois mouvements, racontée sous la forme d'un grand récit, donne à voir une société fascinante par ses paradoxes. Des paysans devenus des navigateurs exceptionnels, des pillards d'une violence inouïe capables de commerce, d'administration, de gouvernance quasi démocratique, des païens devenus chrétiens, des artistes : voilà qui sont les Vikings !
Voici une histoire de la forêt médiévale, des forêts de France et des contrées voisines, du ve au XVe siècle. Une histoire qui place en regard de forêts légendaires, les forêts réelles, celles de la chasse et de l'élevage, celles du bois de chauffage et des bois de charpente utilisés dans les habitations et les cathédrales, celles indispensables à une industrie où fours, forges, verreries, salines se multiplient. Une histoire qui rappelle comment, durant ce millénaire, les espaces cultivés s'étendent au détriment des forêts, dans quelle mesure les crises, conflits et épidémies accélèrent le processus ou le ralentissent, ou encore pourquoi il est nécessaire de créer des institutions chargées de gérer les espaces forestiers. Inédit en son genre, ce Tour des forêts est mené par des spécialistes de disciplines peu, voire pas représentées habituellement dans les ouvrages historiques (archéologie, palynologie, ou dendrochronologie), et met en forme des données à la pointe de la recherche. Spécialistes de littérature médiévale, linguistes, juristes, historiens des religions et des institutions, archéologues, spécialistes de la végétation ancienne, de la construction des cathédrales, du transport du bois, des mines, de la production de la chaux, de la poix, du sel, etc. ont oeuvré à donner le panorama le plus complet de la forêt médiévale et ainsi offrent un ensemble qui ne s'était encore jamais fait sur ce sujet. Grâce à cette somme foisonnante et richement illustrée, chacun pourra se faire une idée précise de l'évolution de « sa » forêt, celle qui lui est proche, qu'il parcourt parfois, et qui aujourd'hui fait pleinement partie de son quotidien.
Traduit pour la première fois en France, La Vie dans un village médiéval est un classique qui a initié des millions de lecteurs anglophones aux secrets du monde médiéval. Et qui a profondément inspiré George R. R. Martin, le créateur de A Game of Thrones. À partir de l'exemple du village anglais d'Elton, vers 1300 de notre ère, Frances et Joseph Gies racontent l'histoire de l'origine, du développement et du déclin du village européen. Avec une grande richesse d'anecdotes et de détails, ils dressent un portrait saisissant de ce qu'était le quotidien de l'époque et nous montrent l'importance du rôle qu'y jouait le village. Les Gies ont le don de rendre à la vie ces hommes et ces femmes qui vivaient dans et autour du village. Nous découvrons comment les champs étaient cultivés, comment seigneurs et serfs se vêtaient et se lavaient, ce qu'ils buvaient et ce qu'ils mangeaient, quels étaient leurs occupations et leurs loisirs, et quels curieux traitements ils inventaient pour se soigner. Nous y apprenons le rôle essentiel que jouait l'église dans le maintien de l'ordre social et comment le système juridique et le code de conduite, étonnamment avancés, du village médiéval posèrent les fondations de la civilisation occidentale. Aussi plaisant à lire qu'un roman, La Vie dans un village médiéval est l'ouvrage idéal pour quiconque a envie de se plonger, l'espace de quelques heures, dans cette période fascinante.
Au Moyen Âge, durant deux siècles, une secte islamique organisée en véritable internationale terroriste pratique l'assassinat politique sous toutes ses formes, se forgeant ainsi une réputation mondiale. Aujourd'hui encore, l'histoire des Assassins nous concerne, car elle est une première et fascinante représentation des péripéties tragiques qui, dans des contextes différents, se sont reproduites jusqu'à nos jours. Les idéologies sont autres, mais les lois du jeu politique étant constantes, le modèle reste le même. Au nom de la cause, la fin, déjà, justifiait les moyens.
"1250. À quoi ressemblait une ville médiévale ? Comment y vivait-on ?
Les grands historiens Frances et Joseph Gies choisissent Troyes, en Champagne, comme l'archétype de la cité médiévale européenne. Grande cité prospère et ville de foire de l'époque, elle éclaire un moment phare de la civilisation médiévale, quelques années avant la guerre et l'épidémie de peste noire qui ravagea l'Europe. Devenu un classique, La Vie dans une ville médiévale nous ouvre la porte d'une période de l'histoire d'autant plus fascinante qu'elle passe souvent, dans l'esprit du public, pour un âge d'obscurité et d'arriération.
La vie urbaine au milieu du XIIIe siècle tourne autour de la demeure familiale, qui sert souvent aux bourgeois à la fois de logis, à l'étage, et d'atelier ou de commerce, au rez-de-chaussée. Le centre-ville, où les artisans rivalisent d'habileté tout en se réunissant dans des corps de métiers régis par des règles de conduite communes, est un haut lieu de l'activité textile, agricole et bancaire. Il y a des écoles pour les enfants, mais seulement les garçons, et l'enseignement se fait en latin, par les soins d'un prêtre. L'église est le noyau de la vie religieuse et civique, les offices sont des moments de théâtre et de musique, et les voisins s'y réunissent pour des baptêmes ou d'autres célébrations. Les mariages des familles les plus prospères sont l'occasion de fêtes somptueuses où la danse le dispute à la chanson, et où le vin coule quelquefois pendant plusieurs semaines."
Ispahan, Boukhara, Samarcande... Un rêve d'Orient. La Perse médiévale de l'islamisation à l'invasion mongole, du VIIe au XIIIe siècle. Un territoire beaucoup plus vaste que l'Iran actuel, une civilisation déjà millénaire entre monde méditerranéen et Asie. Rapidement, la Perse fut bien plus qu'une simple province de l'Empire musulman : elle aussi conquit son farouche vainqueur. Ce guide culturel met en lumière ce que lui doit la civilisation musulmane, des institutions aux productions intellectuelles et artistiques. Ce qui ne fut pas sans conséquences, y compris sur la géopolitique contemporaine.
Démonisés, persécutés, anéantis, les cathares n'ont pas pour autant disparu de la mémoire des hommes. Par-delà les brumes de légende qui masquent leur figure, les « Bons Hommes » et les « Bonnes Femmes » ont laissé des traces écrites de leur passage et de leur message. Anne Brenon, l'une des plus grandes spécialistes mondiales de cette foi mal connue, nous fait entrer dans leur intimité. Loin de l'image d'une communauté recluse aux doctrines occultes, elle nous fait découvrir des individus pieux et charitables, engagés dans la vie de la cité. Face à « l'Église qui possède et qui écorche », ils affirment incarner « l'Église qui fuit et qui pardonne », la seule qui soit fidèle à l'héritage des apôtres. Si le catharisme organisé a péri sur les bûchers quoiqu'il ait survécut un peu plus longtemps qu'on ne croit), son esprit peut encore inspirer tous ceux qui, contre les puissances de ce monde, prennent le parti des âmes en souffrance.
Voilà pour toi un livre contenant la mémoire d'un très illustre et très grand homme. (Préface d'Éginhard
Un grand massacre de chats: d'après un témoin, voilà bien l'épisode le plus comique qui se soit déroulé dans l'imprimerie de Jacques Vincent, rue Saint-Séverin, à Paris. Qu'y avait-il pourtant de si drôle? Pour quelles raisons un groupe d'artisans parisiens trouvaient là un inoubliable sujet d'hilarité?
C'est ainsi que Robert Darnton entame son exploration des attitudes et des croyances dans la France du XVIIIe siècle. Avec passion, il nous fait revivre la façon dont les Français de l'âge des Lumières conçoivent le monde et la façon dont les paysans, bourgeois, aristocrates ou philosophes pensent et ressentent leur environnement.
Tout à la fois anthropologue et historien, Robert Darnton évoque avec sensibilité ce que représentent le surprenant ou l'habituel dans les mentalités françaises du XVIIIe siècle. Il est facile et sans doute rassurant d'imaginer que nos ancêtres pensaient comme nous le faisons aujourd'hui, abstraction faite des perruques et des jabots. C'est tout le mérite d'un livre comme celui-ci de nous aider à nous libérer d'un sentiment trompeur de familiarité avec le passé.
Comment vivaient les hommes, les femmes et surtout les enfants au Moyen Âge ? Commençons par la chambre à coucher, très utilisée même durant la journée pour prendre ses repas, étudier ou recevoir de la visite. Comment était-elle meublée ? Et comment se protégeait-on du froid, principal ennemi des nuits paisibles ? Pourquoi les nouveau-nés étaient-ils emmaillotés dans leurs langes comme de petites momies et pourquoi les miniatures les représentent-elles si souvent vêtus de rouge ? Quelles étaient les chances de survie d'un nourrisson victime du manque d'hygiène, de l'inattention des nourrices et des forfaits du démon toujours aux aguets ? Comment apprenait-on à lire et à écrire ? Comment les enfants s'amusaient-ils quand les textes et l'iconographie ne font état que de quelques jouets ? Quelle était la vie des petites filles confiées au monastère dès leur plus jeune âge ?
Avec plus de 200 illustrations (tableaux, fresques, retables, miniatures), Chiara Frugoni nous offre une plongée dans la vie de famille au Moyen Âge. Grâce à sa profonde connaissance de la période, elle attire notre attention sur les éléments significatifs - souvent insolites - des images et des textes médiévaux, nous permettant de reconstituer ce monde lointain où les enfants avaient une vie bien différente de celle de nos jeunes contemporains.
Au IVe siècle, le monachisme fait une timide apparition en Occident, à la faveur des récits de pèlerins et d'évêques orientaux réfugiés en Europe. Quelques siècles plus tard, il occupe une place incontournable dans la société médiévale. L'ouvrage de C. H. Lawrence raconte le prodigieux essor de ce mouvement, ainsi que les nombreuses formes de vie religieuse auxquelles il a donné naissance.
Le moine, selon la célèbre Règle établie par saint Benoît au VIe siècle, partage sa journée entre la prière, le travail et l'étude. Mais la nécessité de gérer des monastères au patrimoine et aux revenus toujours plus importants, de répondre aux sollicitations des pouvoirs temporel et ecclésiastique, d'accorder une place aux femmes dans les maisons religieuses, ou encore de faire face à l'apparition de l'université obligèrent parfois les religieux à déroger aux exigences premières de la vie monastique. Au cours du Moyen Âge, de l'Irlande à l'Italie, les hommes et les femmes vouant leur vie au service de Dieu apportèrent de multiples réponses aux défis posés par ces évolutions. Ces réponses donnèrent naissance à autant de mouvements religieux (Cluny, Cîteaux, Grandmont, Sempringham... ; chanoines, templiers, frères prêcheurs...) dont C. H. Lawrence dresse un portrait saisissant de force et de vitalité.
Clifford Hugh Lawrence est professeur émérite d'histoire médiévale à l'Université de Londres. Il a notamment publié St Edmund of Abingdon (1960), Matthew Paris and St Edmund (1996), The Friars: The Impact of the Mendicant Orders on Medieval Society (2001). Il a éga lement édité et traduit en anglais les lettres d'Adam Marsh (2006-2010).
Sous la forme médiévale du bestiaire, cet ouvrage narre l'histoire de plus d'une centaine d'animaux réels ou imaginaires - comme la colombe ou le basilic, le cheval et le perroquet, l'âne et le chameau, l'éléphant et le dragon, le phénix et le paon, le céraste et l'unicorne. Ils ont continument accompagné, par leur fonction symbolique, l'affirmation de l'autorité pontificale, mais ont parfois été convoqués par ceux qui entendaient critiquer, réformer ou délégitimer la papauté comme institution. Le cheval, prestigieux élément symbolique de pouvoir et de vie de cour, a cavalé pendant quinze siècles auprès des papes. La cour la plus ancienne du palais du Vatican s'appelle encore aujourd'hui Cour du Perroquet en souvenir du fait que pendant des siècles les perroquets ont eu la fonction d'annoncer vocalement le pape en tant que souverain. Comme les rois de France, les papes ont possédé des ménageries ; celle du pape Médicis, Léon X, avait accueilli le magnifique éléphant blanc indien offert par le roi Manuel Ier du Portugal et dont Raphaël nous a laissé le portrait. Au revers de cette médaille, l'animal devint aussi un instrument de satire anti-pontificale, dans les drôleries de superbes manuscrits enluminés, avec des singes et des serpents portant la couronne du pape (la tiare), bien avant que Luther et ses collaborateurs à Wittenberg (Lucas Cranach et Philippe Melanchthon) ne se servent de l'image du pape-âne (Papstesel) pour nourrir leur polémique anti-papale.
Dans les sources médiévales, le vol humain est rarement abordé de front : la tentative catastrophique du moine anglais Eilmer de Malmesbury, la machine à voler rêvée par Roger Bacon ou la nef flottant au-dessus de l'air imaginée par Albert de Saxe et Nicole Oresme font figure d'exceptions célèbres. Pourtant, cette question des vols fut un véritable défi intellectuel pour la pensée médiévale. Qu'ils soient portés par la force naturelle des oiseaux, par les esprits (âmes, anges ou démons) ou encore par l'ingéniosité humaine, les vols mettent en jeu de riches spéculations explicites ou indirectes. Et ce fut une gageure pour la science scolastique de penser le possible maintien d'un corps lourd dans l'air par projection, grâce au feu ou à l'air chaud, grâce au magnétisme ou par l'effet de l'horreur du vide. Dans cet essai historique original, Nicolas Weill-Parot enquête sur la confrontation de la science avec la magie, la technique ou la théologie. Travaillant au plus près de nombreuses sources, il trace une nouvelle histoire de la pensée du vol dans les airs : celle de la conceptualisation scientifique d'une réalité inaccessible.
Au mythe de la « Renaissance » et aux débats qui s'y attachent, à la figuration célébrée d'un présent fécondé par une restitution des sagesses de l'Antiquité, à l'imaginaire humaniste d'un recommencement, Élisabeth Crouzet-Pavan préfère substituer l'horizon des Renaissances italiennes.
Le pluriel s'impose à ses yeux, parce qu'il existe une autre Renaissance, moins démonstrative que celle des savants et des artistes, mais tout aussi vivante, par laquelle continuent à vivre et à revivre des passés plus ou moins proches.
Les représentations, les mémoires et les actions s'enchâssent et jouent alors les unes avec les autres parce que les temps communiquent sans cesse. C'est un âge du paradoxe qui surgit sous nos yeux : de grandes espérances coexistent avec l'appréhension de l'imminence du Jugement dernier, des rêves enthousiastes d'harmonie voisinent avec l'angoisse du péché, la quête de la beauté est confrontée à la conscience du mal...
Renaissances italiennes, de Milan à Naples, de Florence à Venise, de Rome à Ferrare, invite ainsi le lecteur à déplacer son regard. Et dans cette somme magistrale, Élisabeth Crouzet-Pavan nous guide dans la complexité d'un univers humain qui éprouvait autant un immense amour de la vie qu'une tenace peur de la mort, autant une extraordinaire exaltation créatrice qu'une profonde sensation de finitude...
La Russie médiévale ou Rus' installée tout au long de l'axe fluvial du Dnepr et du Volkhov, le long de la célèbre «route des Varègues aux Grecs», fait son entrée dans la communauté des Etats chrétiens que préside l'empereur romain de Constantinople à la fin du Xe siècle.
Dès lors, l'architecture en brique et pierre, se développe sous l'influence des artisans byzantins venus apporter leur savoir-faire. Ainsi, tout au long du Xie siècle, la slavia orthodoxia se couvre elle aussi d'un «blanc manteau d'églises»dont les plus beaux fleurons ont traversé les âges: Sainte-Sophie de Kiev, avec ses vastes surfaces de mosaïques et ses célèbres fresques. Sainte-Sophie de Novgorod et sa célèbre porte de bronze du XIIe , oeuvre des artisans allemands.
A la fin du XIe siècle et tout au long du XIIe , la Rus' se morcelle de principautés dont chaque ville veut montrer sa puissance et sa richesse en construisant une église cathédrale et en se dotant d'églises et de palais. Ainsi se forma dans la Mésopotamie russe entre la Volga et l'Oka, le fameux «anneau d'or» que constituent les villes de Souzdal, Vladimir, Jaroslav...Les façades en pierre, richement décorées de sculptures réalisées par des maîtres venus de l'étranger ont suscité beaucoup d'interrogations, mais nous ont donné de véritables chefs-d'oeuvre de l'art qui font de la Rus' prémongole, une exceptionnelle terre de culture et de civilisation qui, dans la seconde moitié du XIIIe siècle sera incorporée à l'immense empire mongol qui s'étend de l'Adriatique à la mer de Chine.
C'est pour permettre de la mieux lire, de la mieux comprendre et de la mieux aimer que ce guide est proposé.
Torcello, aujourd'hui, est un îlot quasi déserté au nord de la lagune de Venise, une cathédrale, un baptistère, une église et un décor de mosaïques célèbres. Torcello, hier, fut une communauté humaine nombreuse, un paysage de campaniles et de petites maisons, un horizon de vignes, de jardins, de bois...
élisabeth Crouzet-Pavan part à la recherche de ce monde perdu, oublié et abandonné dans les derniers siècles du Moyen âge, à l'époque même où Venise imposait son image providentielle de beauté, de puissance et de richesse. Ce livre est donc l'histoire d'une mort lente, à laquelle se seraient résignés ceux qui la subirent au rythme du flux et du reflux des marées, en se laissant glisser sans drame vers l'irrémédiable.
Cette sortie de l'histoire est aussi assumée par Venise, comme si la disparition de Torcello pouvait permettre à la Sérénissime de conjurer la conscience de sa fragilité, ses fantasmes de déclin, ses angoisses d'engloutissement. Torcello meurt, et Venise demeure seule au milieu des eaux de la lagune, dominante et triomphante.
En exhumant l'obscur destin de Torcello, cet ouvrage met en lumière une dimension capitale, et méconnue, de la création vénitienne.
Les manuscrits se consument moins que leurs lecteurs. Et ici, je veux parler de l'éclat lumineux des manuscrits et de l'obscurité qui les menace toujours et dire ma passion des manuscrits, ou plutôt de l'activité manuscrite. J'aime l'unicité fragile des manuscrits, sans leur vouer l'adoration ou la convoitise suscitées par des trésors, que j'évoque d'abord avant de livrer mon expérience des rapports incommodes entre les institutions détentrices, les lecteurs et les scribes. La suite, sur mes péripéties de déchiffreur, s'intitule « la peau des scribes » : à partir du matériau d'écriture, le cuir des moutons, je veux me mettre dans la peau des scribes face à leurs détracteurs, ceux qui veulent « avoir leur peau ». Mais entre les scribes et moi, s'interpose l'institution d'une discipline qui s'est voulue « scientifique », avec une exigence de généalogie qui se fondait sur une recherche en paternité, bien vaine pour les textes médiévaux où les traces de l'auteur s'effacent au profit de celles des scribes, malgré d'illustres exceptions. Même en se libérant de ces carcans, le lecteur n'accède pas facilement aux textes des manuscrits : l'objet qui les porte, matériel, subit les aléas et infortunes des choses et les inadvertances des hommes qui en gèrent la fabrication. J'en viens alors à mes frères, les scribes eux-mêmes, quand je traite des marges du manuscrit comme lieu d'organisation du texte par les scribes, avant de présenter leur intervention directe et inventive dans le texte. Ce livre raconte une rencontre heureuse.
La Péninsule ibérique est la seule région d'Europe où chrétiens, musulmans et juifs aient vécu ensemble pendant des siècles. Cette longue coexistence a donné lieu à une civilisation originale. Elle est le fruit de la capacité des uns et des autres à assimiler des traditions différentes, à en faire la synthèse, et à les transmuer de telle façon qu'au delà des particularités, une même culture caractérise l'Espagne médiévale.
Adeline Rucquoi, docteur d'État en histoire de l'université de Paris IV-Sorbonne, directeur de recherches émérite au C.N.R.S., est spécialiste de l'histoire médiévale de la Péninsule ibérique et membre du Comité International des Experts du Chemin de Saint-Jacques. Elle a publié aux Belles Lettres L'Espagne médiévale (2002) et Aimer dans l'Espagne médiévale. Plaisirs licites et illicites (2008).
La première croisade est l'un des plus fameux événements de l'histoire. Les textes grecs, arméniens, arabes et syriaques qui en témoignent sont d'une fabuleuse richesse. Pourtant jusqu'à présent, de nombreuses questions sont restées sans réponse et de nombreuses sources ignorées. En plaçant le lieu de son enquête à Constantinople, au coeur de l'Empire Byzantin, et sous le règne d'Alexis Ier Comnène, Peter Frankopan opère un radical changement de focal. Il dévoile une autre histoire des raisons et du déroulement de l'expédition qui, au XIe siècle, a ravi Jérusalem aux mains des musulmans.
Faire ses comptes. D'où vient cette discipline du chiffre pratiquée jusqu'au sein des familles ? Les vestiges du livre de boutique de Colin de Lormoye, un couturier du xve siècle, installé à Paris, à deux pas de l'église Saint-Séverin invitent à une exploration de l'histoire des pratiques de comptabilité domestique. Ces comptes, à ce jour les seuls d'un boutiquier parisien conservés pour la période médiévale, sont ici édités et commentés. Ce document exceptionnel que Colin a tenu pendant plus de trente ans nous renseigne sur les usages de gestion d'un individu du « commun des gens de métier », selon les mots de Christine de Pizan. Le livre nous fait pénétrer dans l'univers quotidien d'une boutique, éclairant la vie économique d'un artisan du Moyen Âge. Il dévoile l'ampleur des savoir-faire de Colin et sa propre conception du travail, ce qu'il appelait sa « besogne ». Retrouvé dans les archives de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés, de l'université et de l'église Notre-Dame, le parcours de ce Parisien ordinaire se laisse reconstruire depuis son installation sur la rive gauche jusqu'à son accession à la maîtrise, puis à la propriété. Son insertion dans le monde de la confection parisienne est restituée grâce aux archives des métiers parisiens à la prévôté de Paris et aux documents fiscaux. Copiant jour près jour ses factures, Colin de Lormoye déploya dans son livre un véritable idiome professionnel et en fit le lieu d'élaboration de sa dignité sociale.